Les hernies discales sont un cauchemar. Si elles ne remettent pas en cause la santé globale de l’individu, l’inconfort provoqué par la douleur dégrade sa qualité de vie de façon disproportionnée.
Si la guérison peut parfois être longue – plusieurs mois ou plusieurs années –, il existe des moyens simples et accessibles pour améliorer la récupération.
Il se peut même que la stagnation soit liée à quelque chose que vous avez autour de vous ou que vous faites de façon inappropriée. Dans ce cas, comment l’identifier pour le corriger ?
Les traitements génériques
Pour soigner les hernies discales, il existe des méthodes traditionnelles et privilégiées par le corps médical.
Les médecins ont beau être des experts dans leur domaine, ils ont un biais : ils voient le monde selon leur discipline. Leur solution repose sur deux méthode principales : l’anti-douleur et la chirurgie.
L’anti-douleur
Si toutes les hernies discales ne provoquent pas pour autant de douleurs – environ la moitié des personnes ayant une hernie discale ne souffrent d’aucune douleur particulière –, lorsqu’elles sont douloureuses, elles deviennent particulièrement inconfortables à cause de leur durée, leur répétition ou, pire, leur aggravation par les activités quotidiennes qui entretiennent voire aggravent la situation.
À la douleur, la réponse classique est l’anti-douleur.
Le problème principal de l’anti-douleur n’est pas l’addiction mais son inefficacité relative. Certes, il est efficace à supprimer la douleur et nous aider à regagner en qualité de vie, mais son plus gros défaut n’est pas de mener à une addiction. Non, son plus gros défaut est de supprimer la douleur. Or, c’est justement cette douleur qui nous guide dans le processus de guérison, qui nous indique quel mouvement était bon, neutre ou néfaste. Sans cette indication, il est impossible de trouver la bonne voie, le bon équilibre. Nous sommes alors amenés à provoquer des micro-lésions, aggravant ou entretenant le problème… et prolongeant alors l’usage d’anti-douleur. Et lorsque l’anti-douleur est une molécule addictive, alors la répétition de sa prise, additionnée à l’abaissement du seuil de tolérance face à la douleur, savonne la planche de l’addiction.
Au contraire : même si la douleur est intense, il faut l’utiliser autant que possible pour l’étudier et trouver les gestes et les positions qui nous soulagent.
La chirurgie
Dans le cas d’une hernie discale, une intervention chirurgicale induit la présence d’un scalpel très proche de votre moelle épinière. Si l’opération est maîtrisée, elle n’est pas sans risque pour autant. Toute opération consistant à pratiquer une incision dans l’enveloppe corporelle induit des conséquences non négligeables.
C’est pourquoi la chirurgie n’est conseillée/recommandée que lorsque la douleur devient un handicap à la qualité de vie. Ce handicap dépendra de la sensibilité de chacun, de sa résistance à la douleur.
En ce qui me concerne, j’ai toujours refusé qu’on trifouille ma colonne vertébrale avec un scalpel. J’ai préféré serrer les dents, tenter de guérir par moi-même en comprenant ma mécanique interne et mon style de vie, puis de trouver des méthodes alternatives moins invasives. Pour cela, j'ai dû comprendre en quoi mon environnement n'était pas toujours adapté et qu'identifier les adhérences était un pré-requis à la guérison.
Le traitement de fond (alternative)
Personnellement, lorsque des crises survenaient, la douleur était si intense que je ne pouvais pas faire autrement que de m’allonger afin de revenir à un niveau acceptable. Et je pouvais rester allongé durant des heures. Autant d’heures improductives. La douleur ne permet ni de dormir, ni de lire. Les heures sont longues quand vous regardez le plafond en serrant les dents. Inutile de penser que la situation s’améliorera rapidement. Ça peut prendre des mois, voire des années.
En ce qui me concerne, la pratique du sport m’a appris à vivre avec la douleur. C’est à la fois une force et une faiblesse.
Une force, parce qu’elle permet de relativiser et de ne pas se précipiter vers le premier traitement facile, comme l’usage d’anti-douleur qui peuvent mener à une addiction si le traitement n’est pas encadré de façon rigoureuse. C’est justement ce manque d’encadrement qui a mené à l’épidémie d’addiction aux opiacés aux USA dont nous sommes les témoins impuissants.
Une faiblesse, parce que cette relativisation reporte d’autant le suivi et favorise la procrastination. Si l’on est bien conscient que l’intervention d’un spécialiste est nécessaire, on la remet constamment à plus tard parce que, après tout, nous avons bien tenu jusque là. On peut bien tenir un jour de plus.
C’est oublier le bénéfice. Si la douleur est gérable, elle est pourtant un handicap qui oblige à mettre tout ou partie de sa vie entre parenthèses durant un certain laps de temps.
Ma dernière hernie discale était dans la région sacro-lombaire. Je l'ai traînée durant 4 ans, 4 longues années à chercher un moyen non seulement de soulager la douleur au quotidien, mais, surtout, de la résorber, de trouver la voie de la guérison plutôt que de la stagnation. Comme je ne voulais pas reproduire mes erreurs passées et que la hernie discale est bien souvent le résultat d'une cause multi-factorielle, j'ai dû trouver une méthode plus rigoureuse en attaquant le problème sur plusieurs dimensions à la fois.
Consulter un ostéopathe
Je sais que les zététiciens vont râler, arguant que l’efficacité de l’ostéopathie n’a pas été scientifiquement démontrée. Cependant, en choisissant un professionnel réputé – par le bouche à oreille – vous mettez toutes les chances de votre côté.
En ce qui me concerne, à chaque fois que je suis passé entre les mains de mon spécialiste, qu’il a apposé ses mains sur moi et exercé son art, je suis ressorti en meilleur état. J’ai retrouvé l’entièreté de mes capacités perdues. Mon seul regret : avoir attendu aussi longtemps.
Ne commettez pas mon erreur : si vous ne vous décidez pas à consulter un médecin, consultez au moins un ostéopathe. Si, en plus de votre hernie discale, vous avez un déplacement de vertèbre, il pourra/saura la remettre en place, ce qui facilitera votre guérison. Ne cumulez pas les ennuis.
Travailler le traumatisme « au corps »
Contrairement à la plupart des blessures qui nécessitent généralement du repos, la hernie discale nécessite une stimulation constante pour se résorber. L’immobilisme ne fait que ralentir le processus de guérison.
En effet, les petites stimulations permettent aux disques de bouger les uns par rapport aux autres et de pousser et de ramener l’excroissance dans son logement initial.
Il faut donc éviter le repos – sauf lorsque c’est vraiment nécessaire – et plutôt privilégier un repos dynamique, c’est-à-dire rester actif en évitant les mouvements inadaptés. Tout n'est qu'une question d'amplitude et d'intensité.
Identifier les mouvements inadaptés
Une fois que votre ostéopathe a réaligné tout ce qui devait l’être, vous savez que votre problème résiduel provient d’un traumatisme qui devrait disparaître avec le temps – dans la très grande majorité des cas.
Sauf si vous le provoquez et que vous l’entretenez par des mouvements inadaptés. Ces derniers sont les principaux responsables qui empêchent la guérison à long terme. C’est d’autant plus évident lorsque vous êtes sportif – ou très actif. Vous comprenez rapidement que votre séance d’entraînement n’a fait qu’aggraver la situation.
Si vous êtes sportif, il est probablement hors de question d’interrompre votre entraînement – et vous avez raison. Il faut simplement apprendre à travailler autrement. Identifiez donc les mouvements qui intensifient votre inconfort ou votre douleur et évitez-les au mieux. Trouvez des exercices qui sollicitent le corps de façon équivalente sans provoquer votre blessure. Ça peut être un mouvement en position allongée plutôt que debout. Ou bien avec les pieds au sol plutôt que relevés.
Dans mon exemple : le développé-couché avec les pieds au sol permettait de garder un meilleur alignement en plus d’une stabilité qui évitait le pincement. J’ai également remplacé le travail des abdos au sol par le même exercice à la verticale qui me pernettait, en plus, de détendre les disques par suspension.
Se suspendre
La gravité n’est pas votre amie. Elle tasse votre colonne vertébrale. Si cette dernière se tasse, elle pince votre excroissance. Le pincement augmente alors l’inconfort et la douleur.
La stratégie : il faut s’opposer à la gravité.
La solution : se suspendre.
Trouvez un moyen de vous suspendre deux fois par jour au moins. Une fois le matin, au réveil, une fois le soir, avant de vous coucher.
Si vous êtes actif ou sportif, suspendez-vous avant, après l’exercice et pendant chaque phase de repos intermédiaire.
Une fois votre blessure complètement guérie, conservez cette habitude de vous suspendre afin de limiter les récidives. Cette méthode doit devenir une nouvelle discipline.
C'est d'autant plus important que nous passons de plus de plus de temps assis dans un canapé à regarder à télévision, à un bureau devant un ordinateur. En plus de la sédentarité, la position assise provoque un affaiblissement de la musculature et des jointures, un tassement l'ossature qu'il faut compenser au mieux avec des exercices appropriés.
Corriger l’environnement
Selon ma propre expérience, avec mes blessures à répétition, j’ai appris qu’une douleur n’est pas neutre. Elle est fortement influencée par l’environnement.
Je m’explique : même si vous vous blessez en faisant du sport, le corps fait de son mieux pour guérir le plus rapidement possible. La hernie discale ne fait pas exception à la règle. Dans la majeure partie des cas, elle tend à se résorber par elle-même. En fonction de l’importance du traumatisme, ça peut prendre du temps, mais vous devriez cependant noter des améliorations au fil du temps.
Si vous stagnez, que vous ne notez aucune amélioration particulière durant plusieurs semaines, c’est que vous faites quelque chose de contre-productif. Cette action contre-productive peut être quelque chose dans votre environnement. Ça peut être un fauteuil mal réglé ou un matelas mal adapté – trop mou ou trop dur. Dans les deux cas, un peu de réflexion et d'astuce vous permettra de corriger le problème.
Pour en déterminer la source, notez simplement chaque fois que votre douleur s’intensifie et identifiez ce que vous faisiez juste avant. Si la douleur est plus intense le matin au réveil que la veille au soir en vous couchant, le lit n’est probablement pas adapté. Si votre douleur apparaît après une position assise, c’est peut-être parce que vous vous positionnez mal – dos courbé – ou que l’assise du siège est de travers. Dans ce cas, changez de siège pour tester.
Notez quand votre pincement est plus intense et identifiez ce que vous faisiez juste avant, que vous soyez assis, allongé, le soir, le matin… peu importe.
Améliorer votre discipline individuelle
Si la problématique est liée à votre environnement, il n'est pas le seul responsable. Vous avez une responsabilité du seul fait d'utiliser cet environnement à votre avantage, de vous y adapter. Cette interaction s'intègre alors dans vos habitudes et votre style de vie.
S'il y a de fortes chances que quelque chose dans votre environnement aggrave vos sensations ou, a minima, empêche votre blessure de guérir rapidement, il y a de fortes chances également que la cause provienne aussi de votre réponse inadaptée. Dans ce cas, il va falloir changer vos habitudes en introduisant une nouvelle discipline.
Dans mon exemple, quand j'ai réalisé que mes douleurs aux genoux provenaient d'un problème d'ischio-jambiers, je n'ai pas eu d'autre choix que d'introduire des exercices d'assouplissement. J'ai modifié ma discipline; j'y étais obligé. Cette discipline a été mise à l'épreuve lorsque j'ai eu une nouvelle hernie discale. En effet, de façon contre-productive, mes assouplissements pour étirer les ischio-jambiers provoquaint un pincement des disques lombaires, ce qui m'a forcé à modifier ma discipline pour ne pas entretenir la hernie en même temps.
De la même façon, l’assise d’un siège inclinée peut tirer sur le muscle piriforme et augmenter – voire provoquer – les douleurs sciatiques. En plus de corriger votre environnement, vous pouvez/devez ajouter des exercices d’étirements. Un spécialiste peut vous aider ; n’hésitez pas à le consulter.