Manjaro Budgie 22

Incohérent et décevant : passez votre chemin

Manjaro jouit d'une très bonne réputation parmi les utilisateurs. Et Budgie n'est pas en reste.

Voyons voir ce que donne l'assemblage des deux : Manjaro Budgie 22.

Installation

L'ISO fait 3,9 Go sur la balance. Il faudra donc une clef USB d'au moins 4 Go pour l'installer.

L'installation, traditionnelle dans son interface, rencontre quelques problèmes au moment du partitionnement. L'ancienne distribution Linux présente semble le perturber. Il faut donc supprimer les partitions existantes à la main pour réussir à passer l'étape de création des siennes sans encombre.

À noter la présence de l'option « Swap + Hibernation » qui manque encore trop souvent sur les autres distributions.

Si vous laissez la machine s'installer sans la toucher, il y a de fortes chances qu'elle passe en veille et demande un mot de passe pour revenir à la section live.

Une fois installée – et l'horrible fond d'écran changé –, le système a plutôt bonne mine.

Manjaro Budgie 22

Premières impressions

Comment dire ? Pour faire simple : pas très bonnes ! Les incohérences d'interface et de traduction sautent aux yeux. Certaines parties, pourtant bien visibles, sont mal traduites.

Manjaro Budgie - menu 1
Manjaro Budgie - menu 2

Notez également que le bouton d'extinction – en bas à droite – est peu visible sur le thème choisi – pourtant thème Budgie.

Même l'écran de déverrouillage est en anglais. Comme il n'y a que ça quand on veut se connecter, ça se voit littéralement comme le nez au milieu du visage.

Et les applications, venant d'ici et là, de plusieurs mondes différents, manquent de cohérence dans leur style visuel.

Manjaro Budgie - incohérences visuelles

Ce problème n'est pas inhérent à Manjaro, mais à peu près toutes les distributions. Ça passerait inaperçu si le reste était irréprochable, ce qui n'est pas le cas.

Les logiciels

Il y en a beaucoup, peut-être trop, souvent redondantes. Il y a, par exemple, deux applications pour prendre des copies d'écran, aucune des deux n'est reliée à la touche «Impr. Écran» du clavier. Pourquoi ?

Le paradoxe de ce système est qu'il s'adresse à des gens connaissant l'informatique et les spécificités Manjaro. Dans ce cas, au lieu d'installer tout un tas d'applications redondantes, pourquoi ne pas laisser les connaisseurs installer ce dont ils ont besoin ?

Et, Manjaro oblige, le système en rolling release fonctionne à plein régime. Après 1 jour d'usage, le système dispose déjà d'une liste longue comme le bras de mises à jour.

Manjaro Budgie - Updates

Ce système de mise à jour est très consommateur de bande passante. Est-ce nécessaire à une époque où nous cherchons à limiter la consommation des ressources ?

La bonne idée

La seule bonne idée est la présence du mélangeur de fenêtre – qui apparaissait sous le nom «Window Shuffler» avant de disposer d'un nom francisé après une mise à jour. Là encore, je m'interroge sur la stabilité si des choses apparaissent et disparaissent. Je sais que c'est de la rolling release, mais quand même !

Window Shuffler est une application permettant de positionner des fenêtres sur une portion précise de l'écran, selon 9 dispositions. Le paramétrage est bien pensé puisqu'il utilise les 9 touches numériques : 7 = en haut à gauche, 4 = en bas à droite, 9 = maximisé, 5 = en bas, …

Manjaro Budgie - Window Shuffler

Sous Gnome, par exemple et par défaut, il n'y a que 3 positions – à droite, à gauche, maximisé – ce qui est un peu limité pour les écrans actuels. Il faut ajouter une extension pour gérer ce qui devrait, à mon avis, être intégré nativement.

Cette application est disponible sous Ubuntu Budgie, mais moins bien configurée.

Configuration

Il y a plusieurs applications de paramétrage : celle de Budgie – qui n'est autre que l'application Paramètres de Gnome – qui apparaît une seconde fois sous le nom simple «Paramètres» sans être la même – il y a donc deux applications différentes avec le même contenu –, le contrôle de Manjaro.

Et il y a des extras, comme la configuration du pare-feu, des connexions réseaux, du Bluetooth, etc. On sent immédiatement que la distribution n'est pas destinée à un débutant.

Conclusion

L'intention était louable, mais le produit fini très imparfait.

Les applications disponibles viennent de plusieurs endroits : Gnome, Budgie, mais aussi KDE/Qt, ce qui provoque des hétérogénéités tant dans l'interface que dans les noms des applications mêmes. Le point fort d'un système fondé sur Arch Linux devient, à la longue, un point faible tant le rendu paraît bancal, incohérent, assemblé à la va-vite. Cela se ressent dans les traductions et dans tous les petits détails.

De mon point de vue, Manjaro Budgie est un échec. Il ne réussit ni à sublimer Manjaro, ni Budgie, proposant un produit bâtard et de moins bonne facture. Que vous cherchiez du Manjaro ou du Budgie, préférez l'original.

Si vous voulez une expérience Budgie élégante, préférez Solus OS. Ubuntu Budgie fait mieux que Manjaro.

Dans tous les cas, si vous cherchez à la fois l'élégance et la cohérence, passez votre chemin.