EuroLinux Desktop 9 : le test

Une distribution professionnelle très stable

Dans la longue liste de distributions Linux, voici EuroLinux Desktop qui possède la particularité d'être une distribution portée par l'Union Européenne.

Avec son interface Gnome, elle a attiré mon attention.

Voyons voir ce qu'elle vaut.

Installation

L'ISO fait 7 Go; un mastodonte par rapport aux distributions traditionnelles.

La vérification de l'intégrité de l'image prend quelques minutes. Ce n'est pas grand-chose en soi… mais ça viendra s'ajouter à une installation plus longue que la moyenne.

Bon point : l'installation peut s'effectuer directement depuis le boot, sans passer par une live session – donc pas de mise en veille interminable…

La géolocalisation fonctionne très bien. L'installateur propose le bon fuseau horaire ainsi que la/les langue/s adéquates.

Étrangement, le même mot de passe considéré comme « fort » pour root, est considéré comme « faible » pour l'utilisateur.

De manière plus générale, Anaconda est moins intuitif que Calamares, notamment pour la récupération de l'espace disque. Un débutant peut être perturbé et ne pas savoir quoi/comment faire.

Le poids de l'ISO se fait sentir. L'installation prend du temps, même sur un disque SSD. Il faut compter une bonne demi-heure.

Une fois l'installation achevée, le redémarrage ne se fait pas et reste bloqué sur un écran noir. Obligé de redémarrer violemment.

Le premier démarrage est long. J’espère que ça ne sera pas comme ça à chaque fois.

Premières impressions

Le redémarrage tombe sur un écran de connexion simple mais très élégant.

L'interface est du Gnome avec quelques ajustements supplémentaires – notamment l'extension Dash To Panel qui permet de positionner le Dash sous forme de barre de tâches en bas de l'écran. Le style est soigné, y compris les boutons de notifications. Le tout est réactif.

Euro Linux Desktop 9

Le serveur graphique est le tout récent Wayland, et l'environnement de bureau Gnome en version 40.

Étonnament, malgré le poids de l'ISO, il y a peu de logiciels. Tout tient sur deux lignes :

Euro Linux Desktop 9 : les programmes installés

Un lecteur vidéo – Vidéos – capable de lire la plupart des formats, mais pas les vidéos YouTube car il manque le greffon adéquat –, la suite LibreOffice, un terminal, quelques outils de configuration, et c'est à peu près tout. Il n'y a aucun lecteur de musique – Vidéos sait lire la musique, mais son interface n'est pas conçue pour ça, ce qui le rend peu pratique pour cet usage.

La logithèque est paramétrée pour utiliser Flatpak. La plupart des logiciels sont disponibles et s'installent sans problème.

Les mises à jour se font « à la Windows », c'est-à-dire au redémarrage, avec une belle jauge sur un écran noir, il faut attendre sans rien toucher. Tout comme Fedora, il est toutefois possible de forcer les mises à jour sans redémarrage à partir de la ligne de commande.

L'ensemble est très bon, à la fois simple et élégant. Tout est très stable. Un vrai plaisir à utiliser.

Conclusion

Ce test est très court parce qu'il n'y a pas grand-chose à dire de plus. Le tout est très élégant et très stable. Une fois l'installation achevée, il n'y a aucune mauvaise surprise, aucune configuration qui disparaît.

Trop long au démarrage

1 minute et 20 secondes ! C'est le temps moyen qui s'écoule entre l'allumage et l'affichage de la fenêtre de connexion. Le tout sur une machine Intel Core i5, 8 Go de RAM, avec SSD.

À titre de comparaison, Ubuntu met 4 secondes dans les mêmes conditions. 15 pour Fedora.

Cette distribution n'est pas taillée pour un petit portable motorisé par un processeur Atom.

Une distribution pour les professionnels

Avec ses 7 Go sur la balance, rien n'explique pourquoi l'ISO est aussi gros. Habituellement, une telle taille se justifie pas la disponibilité de plusieurs interfaces grahiques alternatives et une abondance de logiciels.

Ici, ce n'est pas le cas. La différence doit donc s'expliquer par des suppléments « sous le capot », plus destinées à l'intégration dans l'éco-système Red Hat.

Plusieurs de mes clients ont des infrastructures qui reposent sur Red Hat. Je rêverais de disposer de ce système d'exploitation plutôt que de Windows que je trouve trop limité. Je m'empresserai de leur conseiller puisque la distribution est supportée durant 10 ans.

En revanche, pour un usage non professionnel, il vaut mieux se reposer sur une version plus familiale. Fedora, par exemple, est une distribution identique, stable, plus fournie en logiciels, paramétrée également avec Flatpak, mais plus légère et plus rapide à démarrer. Il suffit d'ajouter l'exension Dash To Panel et le paquet d'icônes Papirus pour avoir le même style simple, moderne et élégant.

Si EuroLinux est très bon, il reste de niveau identique aux distributions de référence comme Fedora ou Ubuntu. Il n'y a rien de plus.

Le réveil de l'Europe

EuroLinux est cependant clairement une bonne initiative. Comparée aux propositions d'autres pays – Chine, Corée du Nord, etc. –, elle est clairement de qualité supérieure. Cependant, le public n'est pas le même. Tout l'intérêt de cette distribution est de prouver que l'Union Européenne soutien le Logiciel Libre et qu'elle le considère comme une opportunité viable à long terme.

Malheureusement, même si d'excellentes distributions grand public sont disponibles, la plupart sont élisitistes et il manque clairement une distribution fédératrice proposant l'installation simple des applications au démarrage afin de permettre aux novices de choisir les logiciels adaptés à leur usage parmi la myriade de possibilités. La place est toujours libre; une opportunité à saisir pour faire la différence !