MX Linux 21.2 (XFCE) flagship

Espérance de vie : 10 minutes, pas plus !

Un autre chapitre dans la série des tests de distribution Linux : MX Linux. Très appréciée et souvent citée en exemple.

MX Linux est fondée sur Debian afin de prendre en charge le matériel un peu ancien. La distribution est assez légère – l'image ISO de 1,9 Go tient sur une petite clef USB – tout en étant assez moderne. En effet, le bureau Xfce est assez « jeune » en comparaison de ceux disponibles pour Debian qui sont passés de mode.

Si je ne suis pas un fan de Xfce, la popularité de la distribution m'incite toutefois à jeter un coup d'œil.

Voyons donc voir ce que ça vaut.

Installation

Puisque la distribution est étudiée pour fonctionner sur du matériel un peu ancien, j'ai ce qu'il faut : un ordinateur Intel Core Duo, avec 2 Go de RAM et un disque dur à plateau.

J'ai donc l'ISO gravé sur une clef USB. Une fois connecté à la session live, je lance l'installation semi-automatique.

Semi-automatique car ni de localisation par défaut ni de proposition de langue de l'interface. L'installation est donc tout en anglais; pas de modification d'interface si une autre langue que l'anglais est choisie. Ça sent déjà l'élitisme.

Pas de localisation, donc pas de proposition automatique de fuseau horaire. Il faut donc choisir à la main.

Le bon point : l'installation du système démarre alors que la configuration du compte n'est pas achevée, ce qui permet d'anticiper et de gagner du temps sur des actions qui ne seront, en définitive, exécutées qu'à la toute fin.

Au final, c'est assez rapide, en moins de 10 minutes – sur une machine peu puissante, rappelons-le.

Une fois l'installation achevée, la machine redémarre – sans demander d'enlever le medium d'installation, ce qui est assez étrange.

Une fois redémarrée, l'interface est bien en français – j'ai eu un doute puisque qu'on n'a pas demandé la langue de l'interface, mais seulement l'agencement du clavier et le fuseau horaire.

Comme d'habitude, la première chose à faire est de mettre à niveau car il y a eu de mises à jour entre temps.

Je lance donc la mise à jour et je tombe sur l'affichage d'un terminal, ce qui pourra effrayer les novices. Rappelons que sous Ubuntu, tout est transparent – à moins d'agrandir la zone en cliquant sur un chevron.

Une option permet de valider automatiquement toute les demandes de confirmation. Je coche.

Je laisse les opérations s'effectuer. Lorsque je reviens 30 minutes plus tard, la machine est en veille… et refuse de se réveiller. Je suis donc face à un pointeur de souris sur un écran noir. J'ai beau tenter toutes les combinaisons de touches, rien n'y fait.

Obligé de redémarrer violemment la machine. Opération qui semble contrarier la bête car, après redémarrage, l'écran clignote. J'ai éteint trop violemment; la mise à jour n'était pas achevée. Seule solution : réinstaller.

Installation (bis)

Seconde installation donc. Après cela, je me précipite dans le panneau de configuration, dans gestion d'énergie pour éviter la mise en veille. Les paramètres ne sont pas très intuitifis et je cherche un moment avant de trouver ce qui me semble être les bonnes options.

Je lance ensuite la mise à niveau, en gardant l'écran actif – on ne sait jamais.

Je réalise alors que la mise à niveau passe par des recompilations locales de pilotes. MX Linux compile lui-même certains pilotes localement plutôt que d'installer des versions précompilées, ce qui prend plus de temps. Beaucoup plus de temps. Je comprends mieux le premier plantage.

Étrangement, alors que j'ai coché la case pour confirmer automatiquement toutes les demandes, il y a également une demande de confirmation à donner manuellement lorsque certains fichiers de configuration sont à mettre à niveau. Sans ça, la mise à jour attend.

De la même façon, la mise à niveau de GRUB demande sur quel(le) disque/partition l'installer. Depuis quand on s'en soucie !!! J'ai du mal à comprendre et à choisir – allez, hop, au hasard –, alors imaginez un débutant ? Que doit-il faire, là ?

La mise à jour s'achève. Bon, 40 minutes – plus long que l'installation elle-même, ce qui est frustrant – en plus d'être annonciateur de la qualité du produit.

Je peux enfin jeter un œil au système. Je m'absente 10 minutes pour préparer un thé. Quand je reviens, l'écran de veille est activé. Impossible de revenir à la session, l'écran reste désespérement noir pour la seconde fois.

J'abandonne.

Au total, en retirant les mises à jour, j'ai utilisé la machine 10 minutes.

Conclusion

Les bons point

Une installation rapide, en moins de dix minutes.

Le matériel est reconnu parfaitement sur du matériel ancien.

Outil de snapshots installé par défaut pour faire des sauvegardes bootables.

Il me semble que le système est configuré pour l'hibernation – mais je n'ai pas pu le confirmer pour les raisons évoquées au-dessus.

Les mauvais points

Interface lente et mal pensée

J'ai testé Solus OS 4.3 Mate sur cette même machine et l'interface graphique Mate était réactive.

Là, c'est lent. Le menu principal met 2 à 3 secondes avant de s'afficher et les sections sont affichées à droite du panneau. Donc, on clique à gauche pour afficher le panneau, puis à droite pour pour sélectionner une section avant de revenir à gauche pour sélectionner le programme. C'est ergonomiquement un cauchemar.

Pourquoi ai-je une icône qui me propose de démonter un disque… alors qu'il n'y a aucun disque monté (en dehors du disque système) ?

De la même façon, les mises à jours ont des options intéressantes – confirmation automatique – qui ne fonctionnent pas. Les mises à jours s'affichent dans un terminal.

Bordel, arrêtez avec le terminal !!! Pensez aux simples mortels ! Couvrez ce terminal que je ne saurais voir. Si vous ne pouvez pas faire les opérations standard sans utiliser un terminal, c'est que l'interface est incomplète ou mal pensée.

Copies d'écran trop compliqué

Trop de questions pour enregistrer une simple image.

La complexité à enregister des images en plus des problèmes de veille ont eu raison de ma bonne volonté à publier les copies d'écran. Cette distribution ne le mérite pas.

Paramétrage trop compliqué

Le paramétrage trop compliqué, même pour un truc simple comme la gestion d'énergie. Au final, je n'ai pas réussi à désactiver la mise en veille. Mais si l'interface est déjà mal pensée, doit-on s'étonner que le reste soit consistant avec l'absurde ?

Thème joli mais hétérogène

Le thème n'est pas complètement homogène. Si les barres de titres sont modernes, elles ne sont pas toujours de la même épaisseur et les fenêtres ressemblent à Windows NT. Seul le terminal a été travaillé un peu pour lui donner des effets de transparence.

Les fonds d'écran ne sont pas terribles. Solus OS propose de belles images. Il faudrait peut-être s'en inspirer !

Instabilité du système

Gros problèmes de stabilité, notamment ceux liés à la mise en veille. On ne peut pas s'absenter plus de dix minutes sans devoir redémarrer sa machine violemment.

L'élitisme

Le problème de la plupart des distributions Linux : l'élitisme.

Pourquoi Linux a-t-il du mal à conquérir des parts de marché ? Pour des problèmes/distributions de ce genre. Alors qu'Ultramarine Linux est déjà stable dès sa première version, MX Linux, pourtant plus ancien et mature, peine à fournir un système simple, homogène, qui fonctionne, utilisable immédiatement pas un novice.

Au milieu de distributions de poids qui font référence (Ubuntu, Fedora, … ) pour leur stabilité et pour leur sérieux, nous avons des distributions, pourtant réputées et plébiscitées par les utilisateurs, mais qui ne sont clairement pas à la hauteur. L'anglais comme langue d'installation annonçait la couleur. La gestion d'énergie qui aurait être simple devient au cauchemar, même pour un individu expérimenté.

Il aura fallu 10 minutes à cette distribution pour me décourager de l'utiliser – autant que Titan Linux, excusable puisque c'était leur toute première version. C'est clairement très insuffisant.

Si une distribution n'est pas utilisable par votre mère ou votre grand-mère qui sait à peine ce qu'est un ordinateur et encore moins ce qu'est Linux, il n'y a aucune chance que le système d'exploitation puisse acquérir une réputation suffisamment solide pour attirer l'attention.