Ubuntu 22.04 pour les vrais… utilisateurs

À quoi s'attendre après la mise à niveau Ubuntu 21.10 vers 22.04

Nombreuses sont les personnes qui ont donné un avis ou une présentation sur le nouvel Ubuntu 22.04 qui vient tout juste de sortir.

Seul problème : ils ont tous présenté un Ubuntu sur une installation fraîche.

Mais que se passe-t-il pour un utilisateur habituel – de longue date – qui fait une simple mise à niveau ?

L'esthétique

«Étonnante», «Formidable», «Merveilleuse»… Que de qualificatifs sont attribués à la nouvelle interface graphique ! Pour certains, il s'agit de l'avancée la plus spectaculaire qui remet Ubuntu sur le devant de la scène et lui fait retrouver sa première place.

Franchement, si vous vous étonnez de ces améliorations graphiques, c'est que vous ne devez pas utiliser Ubuntu très souvent. Ces détails cosmétiques ne font pas d'Ubuntu la meilleure distribution pour cette seule raison. Même le fond d'écran fait l'unanimité… quand on sait à quel point il est aisé de changer un fond d'écran qui ne nous plaît pas, l'argument fait presque mourir de rire ! La cerise sur le gâteau étant l'émerveillement sur la disponibilité de variantes de couleurs pour le thème global qui change la couleur des icônes dans Nautilus.

Mais cet émerveillement démontre, une fois de plus – comme je ne cesse pas de le rappeler – que notre rapport à l'informatique passe d'abord par l'esthétique et que c'est un sujet qu'il ne faut jamais négliger car il fait toute la différence. Le Diable est dans les détails !

L'esthétique évolue donc encore, elle se peaufine, comme elle le fait à chaque nouvelle version. Les boutons des applications dans la barre des tâches ont des bords plus arrondis, les icônes plus animées lorsqu'une action se produit en arrière plan, les menus sont plus compacts tout en restant lisibles.

Le comportement du Dock est géré nativement depuis les Paramètres, sans passer par une extension comme Dash to Dock, ce qui évite une dispersion des configurations, simplicité qui fait la force de Gnome.

La prise en charge des formats des images et des vidéos est améliorée, ce qui permet de les afficher en miniature directement dans Nautilus au lieu de la traditionnelle icône par défaut. Idem pour les PDFs qui apparaissent avec leur première page pour miniature. 

Les louanges concernant l'homogénéité du thème ne s'appliqueront qu'à ceux qui ont une installation fraîche. Ceux qui ont accumulé les versions auront des différences par-ci par-là, certaines applications ayant une barre de titre claire, d'autres foncée. Il leur faudra changer de thème pour disposer d'une vraie homogénéité.

L'ensemble reste dans l'évolution esthétique habituelle d'une version à une autre, toujours plus neuf, sans jamais révolutionner. Il faut dire qu'à chaque fois que Canonical décide de changer d'interface, la majeure partie des utilisateurs crie au scandale. Il faut donc noter que le résultat des choix réalisés des années en arrière porte enfin ses fruits et que la vision à long terme de Canonical prend le pas sur la vision à court terme des utilisateurs.

À noter cependant que la jauge affichée dans la barre des tâches ne semble pas être synchrone avec le niveau réel pour la copie des fichiers ou la compression. Il faudra cliquer dessus afin d'ouvrir l'application elle-même pour rafraîchir la jauge.

Autre petit problème : la création d'un répertoire à partir de l'option «Enregistrer sous…» est mal traduite puisqu'elle demeure en anglais.

Pour le reste, mis à part la nouvelle application de capture d'écran qui permet aisément de sélectionner des portions d'écran, le reste est nouveau sans rien révolutionner. Les applications anciennes sont remplacées par de nouvelles utilisant le GTK4, ce qui apparaît visuellement comme plus policé sans rien changer pour autant, applications qui profitent au passage pour changer discrètement de nom.

Des performances au doigt et à l'œil

Mettons de côté les considérations esthétiques et entrons dans le vif du sujet pour les vrais utilisateurs qui noteront immédiatement une amélioration notable des performances et ceci dès l'ouverture.

Pour ceux qui utilisent un lecteur d'empreintes pour déverrouiller leur session, l'identification est plus rapide.

Nautilus affiche plus rapidement le contenu des répertoires. Cette amélioration est d'autant plus visible que le répertoire est encombré. Là où il fallait auparavant 1 à 2 secondes, l'affichage est maintenant presque instantané, y compris dans les fenêtres «Ouvrir» ou «Enregistrer» des applications.

La prise en charge des répertoires distants est aussi mieux gérée, par exemple dans l'application Disques. De la même façon, Nautilus gère mieux la copie des fichiers sur un disque externe, en étant un peu plus rapide et, surtout, en bloquant moins sur certains fichiers – pour une raison que j'ignore, je n'arrivais pas à copier certaines images ISO sur mon disque externe.

L'ouverture des applications bénéficie également d'une amélioration de performances. Evince, par exemple, s'ouvre presque instantanément sur les PDF.

Conclusion

La réactivité et la fluidité de l'ensemble procurent une sensation agréable, la machine redevenant un outil de productivité à part entière, obéissant au doigt et à l'œil à son utilisateur.

Les améliorations sous le capot sont de loin les mises à jour les plus notables, très loin devant les considérations esthétiques même si ces dernières restent bienvenues.

Ces améliorations graphiques, sans être révolutionnaires, prouvent, une fois de plus, que les designers ont une vraie vision à long terme, étudiant longuement chaque changement avant de prendre une décision. Chaque petite touche à la fois simple mais efficace, améliorant pourtant significativement la qualité du rendu global.