Paramétrage du Blue Yeti

Comment régler le microphone Blue Yeti pour la voix

Le Blue Yeti est un microphone très apprécié des podcasteurs et autres créateurs de contenu.

Si, de prime abord, il s'agit d'un simple microphone, son  usage optimal nécessite quelques réglages particuliers.

Présentation du matériel

Le matériel normal de prise de son se compose généralement d'un microphone, d'une interface chargée de convertir le signal analogique du microphone en signal numérique et d'un pré-amplificateur chargé d'amplifier le signal natif du microphone pour qu'il devienne audible.

Le microphone Blue Yeti est très célèbre dans le monde du podcast car restituant une bonne qualité audio. Il s'agit d'un microphone USB auto-alimenté incluant les trois composants de base de prise de son ainsi que sa propre carte audio. L'objectif est de proposer un matériel tout-en-un, possédant tout ce qu'il faut pour enregistrer, sans avoir besoin d'acheter les composants séparément.

Blue Yeti (Black Edition)

En comparaison de la qualité CD audio qui est de 16 bits/44,1 kHz, la version de base effectue un échantillonnage du son en 16 bits/48 kHz. La version Pro, en 24 bits/192 kHz.

La sensibilité du microphone s'étend de 20Hz à 20kHz, ce qui reste très proche de l'acuité auditive humaine normale.

Même dans sa version de base, le Blue Yeti offre donc une qualité audio supérieure à une qualité CD, dans une gamme sonore suffisamment étendue pour une oreille humaine. Certaines critiques concernant la piètre qualité de ce microphone USB ne sont donc pas vraiment fondées, notamment lorsque toutes les précautions de réglages et d'enregistrements ont été prises.

Cependant, comme tout appareil de capture, il nécessite un certain nombre de réglages et de précautions d'usage afin d'être utilisé dans les meilleures conditions.

Les défauts du Blue Yeti

Le Blue Yeti n'est pas parfait. S'il est de conception robuste et assemblé à partir de composants électroniques et mécaniques de qualité, il possède certains défauts :

  • sa sensibilité capte les bruits de fond;
  • son pied métallique transmet les vibrations et les chocs;
  • le microphone écrase un peu les basses.

On le voit, il est optimal dans les conditions optimales, un environnement studio. Ces défauts impliquent de les compenser de la façon suivante :

  • utiliser le microphone dans un endroit isolé, sans bruits de fond, avec des protections acoustiques pour éviter les réverbérations;
  • réinjecter des basses en post-traitement afin de rendre la voix plus généreuse;
  • utiliser un pied ou, à défaut, éviter de taper le support.

L'influence contre-intuitive de la qualité du microphone

Lors de l'achat d'un microphone, la plupart des gens sont obnubilés par la qualité du matériel pour être déçus au final. Malgré le prix, la qualité et la réputation, le son enregistré est mauvais. Et, ce qui est pire, il arrive que la qualité dégrade le son – ce qui veut dire qu'un microphone de mauvaise qualité pourra donner un meilleur son.

Pourquoi cet effet contre-intuitif ? Parce que meilleur est le microphone, plus il est sensible et fidèle. À tel point qu'il capte tous les petits bruits de fond.

Or, 90% de la qualité du son provient de l'environnement d'enregistrement et non de la qualité intrinsèque du matériel. Si vous devez faire un choix, prenez un microphone moins cher et mettez la différence dans l'isolation de votre studio.

C'est pourquoi le Blue Yeti est un microphone d'excellente qualité pour le podcast car il s'utilise à faible distance et la proximité contre-balance la qualité du matériel – matériel qui reste cependant de très bonne facture pour le prix.

Réglages mécaniques

Isolement

Le Blue Yeti est conçu pour être utilisé dans un environnement studio, c'est-à-dire avec un minimum de perturbations et de vibrations.

La connexion USB auto-alimentée, par exemple, peut poser des problèmes de bruit statique quand elle est reliée directement à un ordinateur – il s'agit là d'un problème de câble ou d'ordinateur, pas du microphone. Il convient d'utiliser éventuellement une prise intermédiaire ou un concentrateur USB pour en diminuer les effets, ainsi qu'un isolement par rapport aux vibrations des ventilateurs et autres parties mécaniques qui pourraient faire vibrer le support.

Il convient aussi de positionner le microphone dans un endroit avec peu d'écho, quitte à ajouter de l'isolation phonique.

Utilisation d'un casque

Un casque peut être utilisé conjointement au microphone afin de disposer d'un retour. Le Blue Yeti étant une carte son, le retour n'est pas seulement celui du microphone, mais de tous les sons joués sur l'ordinateur.

Dans certains cas, le moindre choc sur le câble du microphone peut être capturé par le microphone et provoquer un bruit de fond à nettoyer plus tard.

Position du microphone

De façon un peu contre-intuitive, le Blue Yeti se positionne verticalement pour capter le son sur les côtés et non sur le dessus. La face avant du microphone est représentée par le logo de la marque.

Positionner correctement le microphone

Distance du microphone

Le Blue Yeti est conçu pour être utilisé à une distance assez courte, de l'ordre de 10 à 20 centimètres dans un cadre normal, ce qui permet de capter au mieux la voix sans forcer sur le gain. À cette distance, il conviendra probablement d'utiliser un filtre anti-pop. À une distance courte, la voix est généralement chargée en basses, donnant une sonorité plus intimiste et plus chaude. Cet effet peut être diminué en reculant à environ 20 ou 30 centimètres, qui restituera une sonorité plus normale, mais avec en contrepartie un bruit de fond plus audible.

Cette distance courte provient d'un compromis entre distance et volume sonore afin de baisser le gain au maximum et éviter la capture des sons environnants et les réverbérations de la voix sur les obstacles.

Le microphone peut cependant être aussi utilisé pour capter du son à plus grande distance, de l'ordre de 40 ou 50 centimètres. Le résultat sera un peu différent et nécessitera plus de post-traitements.

Tout dépend de la configuration de votre environnement et de votre façon d'utiliser un microphone.

Il est recommandé de commencer à la distance de 4 doigts ou d'un poing fermé. Veillez aussi à décaler légèrement le microphone sur le côté pour éviter les consonnes occlusives – nommées aussi plosives : p, b, … – ou utilisez un pop filter. L'avantage de décaler le microphone sur le côté est que ce positionnement permet la lecture plus aisée d'un texte.

Le Blue Yeti est également conçu pour tenir compte ce cas précis : il suffit de le basculer vers l'arrière pour libérer l'espace frontal.

L'effet de proximité

L'effet de proximité est un phénomène qui entraîne une augmentation de la réponse en basses fréquences lorsque vous rapprochez le microphone de la source. Plus vous vous rapprochez, plus l'amplification des graves est importante. Cela peut créer des problèmes mais, en même temps, cela ouvre d'autres possibilités pour façonner le son.

Cet effet de proximité rend donc la voix masculine plus grave, plus chaude et plus suave. L'effet de proximité est moins flagrant sur les voix féminines et nécessite parfois un traitement spécial ou un microphone adapté pour pouvoir en bénéficier. Cet effet peut être renforcé par des post-traitements.

Choix de la directivité

Le Blue Yeti possède 4 directivités : cardioide, bidirectionnel, omnidirectionnel, stéréophonique.

Les possibilités offertes par le Yeti

Pour une personne seule, le cardioide offre la meilleure capture de son.

Directivité cardioide

À noter que le Blue Yeti propose une directivité cardioide, là où d'autres microphones du même type proposeront le super-cardioide, directivité qui possède l'inconvénient de capter un peu de son sur sa face arrière et donc plus de bruit provenant du clavier ou de l'ordinateur.

Directivité super-cardioide

Réglage manuel du gain

Le réglage du gain quand on n'a pas d'appareil ou de logiciel de mesure peut s'effectuer manuellement.

Pour cela, mettre les écouteurs afin de disposer d'un retour de son, augmenter le gain jusqu'à entendre le bruit de fond de l'environnement où vous vous trouvez puis diminuer le gain jusqu'à ne (presque) plus l'entendre.

Les filtres mécaniques

La voix humaine crée du son en projetant de l'air. Certaines consonnes peuvent provoquer de petites claquements sonores dues à de l'air qui vient heurter de plein fouet la membrane du microphone.

Pour limiter ces bruits, on ajoute généralement un filtre mécanique — appelé filtre anti-pop ou pop filter – qui a pour tâche d'atténuer les flux d'air directs.

Il existe 4 types de filtres : le filtre en nylon, le filtre en mousse, le filtre métallique et la bonnette.

Dans le cas du Blue Yeti, il convient de choisir un diamètre de 7 à 15 cm pour les 3 premiers. Ils seront placés à environ 2 ou 3 centimètres du microphone.

Le filtre en nylon

Filter anti-pop en nylon

Généralement le filtre le meilleur marché, il est constitué de deux membranes en nylon qui ont pour but de ralentir et d'amortir le flux d'air. Il est posssible de fabriquer un filtre avec un bas en nylon.

Il prend facilement la poussière et est difficile à nettoyer. Son opacité gêne la lecture d'un texte placé devant soi. Il ne peut pas être déformé.

Le filtre en mousse

Contrairement à la bonnette, le filtre en mousse est l'équivalent du filtre en nylon, sous la forme d'un disque en mousse à positionner devant le microphone.

De la même façon que le filtre métallique, ce filtre peut être déformé.

Bien que simple, bon marché et facile à fabriquer, il est cependant peu répandu.

Le filtre métallique

Généralement moins bon marché que le filtre en nylon, il est constitué d'une grille métallique composée de trous dont la forme permet de changer la direction de l'air et éviter que le flux percute le microphone de face.

Il est plus apprécié que le filtre en nylon car facile à nettoyer et sa transparence permet de lire un texte placé devant soi.

Il est aussi plus facile à déformer ce qui permet d'épouser parfaitement un microphone.

Pop filter en métal

La bonnette

Pop filter : bonnette

La bonnette est un filtre en mousse étudié pour épouser parfaitement le microphone d'une couche de de mousse phonique d'environ 1 à 2 centimètres d'épaisseur. Il est recommandé pour les enregistrements en extérieur afin d'éliminer le bruit du vent.

Contrairement aux autres filtres qui sont unidirectionnels, la bonnette est efficace dans toutes les directions. Elle est bon marché, mais possède l'inconvénient d'avoir la taille parfaitement ajustée au microphone ce qui ne la rend pas universelle, contrairement aux autres filtres.

Isolation phonique

Certaines personnes cherchent à isoler le microphone en l'enfermant dans une cage. Cependant, le microphone, notamment quand il est en position cardiode, n'est pas spécialement sensible aux sons provenant de l'arrière, mais plutôt aux réverbérations de la voix sur les surfaces placées derrière la personne – et non derrière le microphone. Il convient donc plutôt d'isoler la pièce le mieux possible.

Les mousses isolantes ne sont malheureusement pas très efficaces, à moins d'utiliser un matériaux très honéreux.

Cependant, les serviettes éponges (4 couches) ou de l'isolant thermique en fibre de verre d'environ 8 à 10 cm d'épaisseur font parfaitement l'affaire, sous la forme de panneaux à accrocher.

Affinage des réglages

Un microphone sans amplification produit un son compris entre -70 et -30 dB, ce qui rend le son brut quasi-inaudible sans une amplification supplémentaire.

Il n'y a pas de bon réglage de gain dans l'absolu car tout dépend d'un certain nombre de facteurs.

En premier lieu, comme le volume sonore du son, une voix humaine n'a pas même puissance qu'une batterie. Chanter n'a pas le même volume sonore que chuchoter. Plus le source sonore aura un volume faible, plus il faudra amplifier le signal.

Le deuxième facteur est la distance qui répare la source du microphone.

Le troisième facteur est la sensibilité du microphone lui-même.

La variation de la source sonore est aussi à prendre en considération. Si vous avez une voix mélodieuse, avec des variations d'intensité, le gain sera plus grand que si vous avez une voix plutôt monocorde.

Pour la voix, un bon réglage de microphone doit produire un volume s'étendant de -14 à -9 dB.

Un réglage de gain trop haut provoquera des saturations fréquentes, un réglage trop bas nécessitera une amplification en post-traitement qui amplifiera également les bruits de fond.

Premier réglage

Il y a 2 réglages sur lesquels il faudra jouer : le gain du microphone et le volume d'entrée du microphone (ordinateur).

Pour commencer, il convient de régler le gain entre 30 et 35% (soit environ le tiers de la jauge), et le volume d'entrée à 100%.

L'objectif est de positionner le gain à sa valeur exploitable la plus faible afin de limiter les bruits statiques, les bruits de fond, les parasites, les bruits de bouche et de respiration.

Une fois que l'ordinateur capte le son du microphone allumé et que ce dernier est placé dans les conditions normales d'enregistement – distance, … –, il faut préférentiellement utiliser une application complémentaire afin de vérifier le niveau sonore de l'enregistrement produit. Pour cela, Audacity fait bien l'affaire.

Audacity est un logiciel d'enregistrement et de traitement du son libre, open source et multiplateforme. Il fera parfaitement l'affaire pour l'enregistrement et le nettoyage.

À partir d'un échantillon d'enregistrement de la voix à distance d'usage, vérifier que le gain perçu se situe entre -18 et -6 dB.

Calibrage

Une fois le premier réglage effectué, le gain mesuré sera affiné en abaissant le volume d'entrée (ordinateur), ce qui permet un meilleur contrôle. Abaissez le volume jusqu'à obtenir une mesure -18 et -12 dB sur une voix à niveau normal en utilisant toute l'étendue de vos harmoniques – voix intense, voix normale, voix basse, exclamations, surprises, interrogations, …

Si vous avez besoin d'abaisser le volume en dessous de 70%, c'est que le gain du microphone est encore trop haut : passer le volume à 100%, abaissez un peu le gain, puis recommencez votre mesure.

Appliquez ensuite tous les post-traitements pour obtenir un résultat final et vérifiez qu'il n'y ait pas de saturation du son – Audacity propose un outil qui met les saturations en évidence.

En effet, certains post-traitements augmentent naturellement le volume au point de provoquer des saturations qui n'existaient pas sur l'enregistrement initial.

Profitez-en pour vérifier qu'il n'y ait pas de parasites électro-statiques, ce qui serait le signe d'un problème au niveau d'un câble ou un concentrateur.

À partir de là, le microphone est calibré. Il n'y a plus qu'à enregistrer.

Traitements / post-traitements

Mixage

Le mixage consiste à mixer plusieurs sources. C'est, par exemple, utile lorsqu'il y a plusieurs intervenants, parfois à plusieurs endroit différents, ou lorsqu'il faut ajouter une ambiance musicale.

Le mixage peut être réalisé par une table de mixage – et dans ce cas en amont de l'interface audio – ou des logiciels.

Sous Linux, il existe un certain nombre de logiciels libres, mais le plus simple est d'utiliser PulseAudio qui permet de rediriger les sorties de certaines applications vers les entrées d'autres applications.

Ainsi, si vous faites un podcast avec une personne utilisant un lociciel de vidéo/audio conférence, vous pouvez rediriger la sortie de ce logiciel vers le logiciel d'enregistrement.

Enregistrement/diffusion

Les logiciels de diffusion permettent généralement d'enregistrer le flux sous la forme d'un fichier.

Le logiciel de diffusion le plus célèbre est Open Broadcaster Software (OBS) Studio.

Les logiciels d'enregistrements se contentent d'enregistrer sous forme de fichiers, mais possèdent généralement de plus grandes capacités de traitement du son. Le plus connu et le plus apprécié reste Audacity, qui est utilisé à la fois pour éliminer les bruits de fond, les parasites, et retravailler la voix.