Lorsque j’ai eu Internet illimité à la maison, avec une connexion ADSL permanente, j’ai commencé par installer mon propre serveur web, parce que je voulais disposer de toute la documentation technique dont j’avais besoin, n’importe où, sans avoir à la chercher sur telle ou telle machine, tel ou tel disque – à l’époque, les disques n’avaient pas la capacité d’aujourd’hui.
Ça me paraissait donc plus simple de tout avoir sur un site web, pour moi d’abord, et puis pour les autres, si ça pouvait leur être utile.
Je n’avais pas forcément choisi la voie la plus simple : Linux n’en était qu’à ces balbutiements, l’installer proprement était un calvaire. Windows ? Pourquoi avoir une machine avec une interface graphique qui ne sert pas ? C’est du processeur utilisé pour rien.
Il restait BSD. L’installation était aisée, et ça fonctionnait très bien pour les serveurs Web.
Mon premier serveur a donc été un petit ordinateur, monté de mes mains, avec FreeBSD pour motoriser le tout.
Quelques années passèrent et, avec elles, un lot naturel de questions-réponses lors de problématiques techniques. On ne sait pas, donc on pose des questions sur les forums, on cherche et, lorsqu’on trouve enfin les réponses, on devient le mentor ou le professeur d’un autre.
Je suis tombé sur un groupe de jeunes qui voulaient réaliser un projet. Le projet était intéressant, mais ils se heurtaient à une problématique : soit le projet entrait dans le cadre normal, institutionnel, mais il fallait obéir à un certain nombre de contraintes et de filtres – pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes, par exemple –, soit il entrait dans le cadre professionnel, et là il se retrouvait noyé dans la masse des projets tape-à-l’œil dont le seul but était d’attirer du monde pour ramasser un maximum d’argent. Dans les deux cas, des limitations et une perte de visibilité, de lisibilité et, en définitive, de crédibilité.
L’académique était trop classique et leur démarche impliquait une rupture. Le professionnel impliquait des obligations de rendements, de gains et de partages de ces derniers, pouvant introduire un doute raisonnable dans le bien-fondé de la démarche.
Immédiatement, mon réflexe a été de leur répondre : « Le plus simple est de réaliser votre propre serveur Web, chez vous. Je l’ai fait, c’est facile. »
S’ils avaient une idée, ils n’étaient en revanche pas techniciens pour un sou. Ils ne savaient pas trop comment s’y prendre. Ils ne connaissaient pas grand-chose en l’informatique technique. Voulant clore rapidement le débat et éviter les longues plaintes de « Je sais pô faire ! », j’ai répondu : « C’est facile. Je peux vous réaliser un exemple. J’ai un serveur Web, je vous crée un espace dessus ou vous pourrez faire vos tests et apprendre à maîtriser la technologie. »
Et voilà.
Depuis lors, j'héberge chez moi de petits sites, sur mes propres serveurs. Ainsi, je me définis comme un «micro-hébergeur», c'est-à-dire hébergeur pour le fun. Le but n'est pas de gagner de l'argent – la majorité des sites hébergés le sont gratuitement –, mais pour comprendre et acquérir de nouvelles expériences techniques. De plus, héberger chez soi, sur une ligne ADSL pose de fait un certain nombre de problématiques notamment de bande passante, de consommation énergétique, de bruit…