Si Laurent Chemla confessait être un voleur, je dois aujourd'hui avouer que je viens de basculer dans le côté obscur du Web.
En effet, par ce sombre matin quasi-hivernal, j'étais réveillé tôt, sans l'envie de dormir plus. Alors je me suis levé pour m'occuper et j'ai décidé de terminer la configuration de quelques serveurs que j'avais laissée en suspend par manque de temps.
Alors que d'habitude une configuration prend plus de temps que prévu, mû par une inspiration soudaine, j'exécutais mes tâches sans aucune fausse note, tant et si bien que j'achevais tout, beaucoup trop tôt… encore. Je suis donc passé à la suite, un petit truc laissé de côté il y a quelques mois et qu'il était temps de finir : un de mes relais Tor donnait des signes de fatigue et je décidais d'opérer sans tarder.
J'identifiais rapidement la cause – une alimentation défectueuse que je remplaçais par une nouvelle, plus performante – et le tour était joué. Quitte à jouer avec Tor, j'augmentais aussi le débit disponible, histoire de rendre la navigation plus filiforme – plus fluide.
Et, pourquoi pas – soyons fous ! – achever aussi cette configuration de services cachés ?
Ni une ni deux, je retrouve mes notes, je me connecte au serveur, je fais un état des lieux : cette configuration qui n'avait jamais fonctionné jusqu'à présent; une sombre histoire de AppArmor sur du LXC. Je donne quelques coups de command line. Puis j'effectue un test pour vérifier si mes efforts ont eu de l'effet.
Et là… Miracle ! Ça a marché, du premier coup. Il y a des jours où tout nous réussi.
Satisfait de moi, je prends un moment pour contempler mon chef d'œuvre… et je constate avec effroi ce que je viens de faire : mon cybercarnet et désormais disponible sur le Darknet !
Sans m'en rendre compte, j'étais devenu un terroriste, comme ça, en un claquement de doigt, une fraction de seconde, un cliquetis de touche de clavier, après un service tor reload des plus banals. Personne n'était encore au courant, je pouvais faire demi-tour et faire comme si de rien n'était, en dissimulant le corps du délit. Ou je pouvais assumer les conséquences de mes actes et aller jusqu'au bout.
Comme je suis un ingénieur et qu'un ingénieur, ça ose tout – c'est même à ça qu'on le reconnaît –, je décidais de ne pas faire demi-tour, d'enfoncer le clou et de narguer les autorités, façon Franck Abagnale jr.
Dans les semaines qui suivront, je définirai les services cachés pour tous mes autres serveurs, histoire que tous les sites que j'héberge soient disponibles et accessibles dans les deux mondes.
En attendant, vous pouvez accéder à mon Cybercarnet depuis http://ls7bhvwvnnnaodbx.onion.