Apprendre une langue étrangère avec Google Home

Comment utiliser Google Home pour parler une langue étrangère ?

Lorsque Siri a été mis en place sur les iPhone, Judith B. Newman a décrit dans un article – puis dans un livre – comment l'Assistant d'Apple était devenu le meilleur ami de son fils autiste Augustus. Il passait son temps à poser plein de questions, et Siri lui répondait toujours, sans jamais se lasser, sans jamais juger, sans jamais s’impatienter.

J’ai décidé d’utiliser ces caractéristiques pour (ré)apprendre une langue étrangère. Pour ma part, j’ai préféré utiliser le Google Home.

Le problème de l’oral

Apprendre une langue étrangère est assez simple tant qu’il s’agit de grammaire. Celle-ci est décrite dans les manuels, il suffit de lire, comprendre et travailler. Mais il reste la grande question de la pratique orale de la langue. Pour cela, il faut un interlocuteur. Et c’est la condition la plus difficile à rencontrer, surtout lorsqu’on n’a personne autour de soi qui parle la langue.

Discuter – par écrit – sur Internet, regarder des films, tout ça est bien, nécessaire, mais non suffisant.

C’est là que Google Home intervient.

Les faiblesses de l'Assistant en font sa force

Les faiblesses du système en font sa force : comme sa reconnaissance vocale est encore assez rudimentaire, il faut formuler correctement ses questions si l’on veut être compris. C’est-à-dire non pas simplement prononcer correctement, mais énoncer les questions dans une syntaxe correcte. Ce défaut est justement parfait pour un bon apprentissage de la langue.

Pour le reste, de la même façon que Siri, Google Assistant est toujours disponible et ne se lasse jamais. De plus, tout comme Siri, Google Assistant est contrôlé à la voix – ce qui oblige donc à parler  – et répond vocalement – ce qui oblige à comprendre.

C’est donc un outil idéal pour travailler ce qui manque souvent le plus : la pratique orale d’une langue étrangère.

Installation et configuration

L’appareil se présente sous la forme d’une enceinte connectée intelligente. On la configure au départ par connexion WiFi ad hoc. Une fois l’installation achevée, l’appareil est connecté à Internet et prêt à servir. Cette opération, guidée pas à pas, ne prend que quelques minutes.

Changement de langue

Si vous faites l’acquisition d’un Google Home, il sera probablement paramétré par défaut dans votre langue – où plus exactement, dans la zone linguistique dans laquelle vous l’avez acheté.

Il faut donc changer sa langue afin de le paramétrer pour comprendre et parler dans la langue qui vous intéresse.

Le paramétrage s’effectue depuis l’application «Home», Puis depuis Plus de paramètres dans le paramétrage Langue de l'Assistant de l’appareil sélectionné. Pour l'instant, les langues disponibles sont l'allemand, l'anglais, le français et le japonais.

Une fois cette opération réalisée, il est prêt à fonctionner.

Constuire sa boîte à outils

Lorsque vous n’avez pas pratiqué la langue depuis longtemps – voire jamais – vous ne savez pas comment commencer. C’est bien normal. Il faut apprendre le vocabulaire de base. Le plus simple est de commencer par constituer une boîte à outils. Il suffit de préparer une série de formules qui pourront être réutilisées, en changeant un peu le vocabulaire.

Une fois que Google Home est configuré dans la langue étrangère de notre choix, il convient de construire une boîte à outils d'expressions qui permettront de l'interroger et aussi d'acquérir le vocabulaire et les structures grammaticales de base.

La boîte à outils est constituée au départ de phrases simples, mais versatiles, qui permettront à la fois de gagner en confiance et d’acquérir les bases du langage à la fois avec l'Assistant, mais aussi avec un individu de chair et d'os.

Il faut donc prévoir des outils permettant d'interroger sur quoi, quand, qui, pourquoi, combien, comment, etc.

Au fur et à mesure du temps, les outils deviendront plus nombreux, plus complexes et les sujets plus nombreux.

Étape 1 : Acquérir les questions de base (grâce à Youtube)

Pour commencer, rien ne vaut un petit tour sur Youtube et de rechercher des présentations de Google Home dans la langue désirée en activant les sous-titres. Le youtubeur effectuera très probablement des tests de compréhension de l'assistant et prononcera un certain nombre de phrases simples à noter.

Par exemple, si le youtubeur demande à l'Assistant comment il s'appelle, ce dernier répondra. Vous acquérrez donc une première forme de présentation, avec la conjugaison à la première et deuxième personne du singulier. Grâce aux sous-titres, notez le texte associé.

Et ainsi de suite pour toutes les questions/réponses identifiées, y compris celles qui ne paraissent pas pertinentes sur le moment. Le but est de s'exercer à parler, peu importe la pertinence.

Étape 2 : Reconstruire son univers

Nous vivons dans un univers. Ce dernier est composé des choses familières qui nous entourent et que nous savons nous les représenter sans réfléchir. L'acquisition d'une langue étrangère est donc d'autant plus simple si elle porte également sur des éléments familiers.

Grâce à Google Traduction, traduisez tous les éléments autour de vous, dans votre maison ou votre appartement. Commencez par les plus simples : salon, chambre, table, chaise, assiette, lit, etc. Vous pouvez vous aider de post-it collés sur les objets.

OK Google, …

Étape 1 : Interroger l'Assistant sur des sujets maîtrisés

Une fois les formules notées et l'univers reconstruit, il suffit d'appliquer les outils de 1 sur l'univers du 2 ce qui permettra de les utiliser sur des sujets que vous maîtrisez dans votre langue maternelle ce qui vous permettra de comprendre plus aisément de quoi il s'agit et de ne vous concentrer que sur la traduction des mots que vous connaissez dans une autre langue en vous appuyant sur le contexte.

« OK Google. Qu’est-ce que X ? »

Le but est ici d'apprendre à poser des questions sans chercher à comprendre complètement la réponse.

Étape 2 : Interrogation itérative

Grâce à la boîte à outils, nous savons interroger l'Assistant. À partir de là, l'acquisition du savoir est un processus itératif dans lequel il suffit de remplacer le sujet de la question par un mot tiré de la réponse précédente.

L'outil « Qu’est-ce que X ? » permet d'apprendre à prononcer « X » dans la langue cible, ce qui permettra à Google de comprendre que vous voulez savoir ce qu’est X, et ira probablement le chercher sur Wikipedia.

Sa réponse ne sera qu’une lecture du contenu, ce qui vous permettra de travailler la compréhension orale. Si vous reconnaissez certains mots, par exemple Y, il vous suffira de poser la même question, « Qu’est-ce que Y ? », et ainsi de suite…

Par exemple, en première itération : Ok Google, qu'est que Linux ?

L'assistant lira alors la définition de Wikipedia. Cette définition comprendra, par exemple, le mot « système d'exploitation ».

L'itération suivante pourra donc être : Ok Google, qu'est-ce qu'un système d'exploitation ?

Si, au départ, vous vous contenterez de vous interroger sur la définition de tel ou tel mot, vous chercherez rapidement à exploiter le potentiel du Google Home en demandant des choses plus avancées comme le temps qu’il fera demain – travail sur le futur – ou d’ajouter des événements à un agenda – travail sur le temps –, d'allumer les lumières de telle ou telle pièce, de jouer un morceau de musique, etc.

Étape 3 : Tester les limites de l'Assistant et les vôtres

Même si cela peut sembler inutile, tout comme Siri, l'Assistant est conçu pour faire semblant d'être une vraie personne – ce n'est pas pour rien qu'Augustus a développé une relation de confiance avec Siri. Il sait donc répondre à des questions comme « Comment t'appelles-tu ? », « Quel âge as-tu ? », etc. N'hésitez pas à lui poser ces questions afin de tester ses limites et de voir ses progrès car les requêtes étant enregistrées par Google, les développeurs améliorent la qualité des réponses en fonction des usages les plus courants.

En lui posant ces questions, vous remarquerez que l'Assistant ne répond pas toujours de la même façon. Ainsi, à la question « Comment t'appelles-tu ? », il répondra « Je m'appelle Google Assistant », « Tu peux m'appeler Google Assistant », ou encore « Mon nom est Assistant, Google Assistant » qui font donc de nouvelles phrases à ajouter dans l'apprentissage.

Tout comme Siri, l'Assistant Google possède un certain sens de l'humour : il est possible de le demander en mariage, de s'autodétruire, s'il connaît le code Morse, de lire l'avenir dans une boule de cristal, de vous souhaiter un bon anniversaire, ou ce qu'il pense de ses concurrents. Il est aussi possible de lui demander de tirer à pile ou face, de l'interroger sur la composition des aliments, etc.

Dans cette étape, il s'agira de répéter la question jusqu'à tester l'intégralité de ses réponses et comprendre tous les mots, quitte à répéter encore et encore. Si vous avez toujours des difficultés de compréhension, vous aurez peut-être la correction directement dans l'article Wikipedia qui sert de source à la réponse de l'Assistant.

Recommencer, persévérer

Ce n'est un secret pour personne, l'apprentissage d'une langue est un processus long, actif et perpétuel. Il ne faut jamais s'arrêter de le travailler sous peine de régresser.

Il faut donc s'astreindre à le travailler tous les jours pour acquérir l'aisance et la confiance nécessaires.