Un mois avec...OpenSUSE

Test de OpenSUSE 42.2 Leap Gnome

J'ai longuement hésité avant de publier cet article car je n'avais plus aucun copie d'écran à ajouter car la machine qui m'a servi à tester a eu la mauvaise idée de perdre son LVM au dernier moment, avec les fichiers dessus.

Cependant, ce que j'ai à dire sur cette distribution ne requiert pas absolument de captures d'écran pour être compréhensible. J'ai quand même du temps passé à la tester dans le but d'écrire cet article.

Présentation

La distribution se présente sous la forme d’un ISO de plus de 4 Go, ce qui signifie qu’il faudra un support de 8 Go pour le contenir. De plus, comme c’est de plus en plus le cas, la distribution n’est disponible qu’en version 64 bits. Exit donc la version 32 bits pour les machines anciennes.

Si l’image est aussi volumineuse, c’est parce qu’elle contient 3 installation : KDE, Gnome (Shell) et mode texte (pas d’interface graphique, plutôt orienté serveurs).

Installation

OpenSUSE semble se fonder sur la langue choisie pour l’interface pour préselectionner la position géographique alors que d’autres distributions utilisent l’adresse IP avec un peu plus d’intelligence.

4 ou 5 licences à valider, dont 2 pour des logiciels (G-Streamer) et des greffons (MP3 Fluendo). Ça peut paraître normal, mais pour ceux qui viennent de l’univers Debian et qui sont habitués à installer sans valider de licence, ça peut choquer.

Si vous refusez une licence, le greffon n’est pas installé dans le meilleur des cas ou l’installation s’interrompt dans le pire des cas.

L’installateur se veut convivial, cependant il affiche des résumés des opérations à effectuer. Or, ces opérations sont très techniques et peu parlantes pour la majorité des novices. Rien que la préparation et le formattage des disques affiche une liste longue comme le bras d’opérations abscons. Si vous ne savez pas ou ne comprenez pas, contentez-vous simplement de valider sans chercher à savoir. Ces informations ne sont clairement pas destinées à monsieur Tout-le-Monde.

L’interminable 92 %

Lors de l’installation, la jauge est restée bloquée sur 92 % malgré son travail en cours normal, ce qui donne l’impression que quelque chose se passe mal et que l’installation est interminable. Une jauge qui avance normalement a psychologiquement un effet positif. Le cas contraire peut provoquer un peu d'inquiétude.

Le message est plus que clair

Durant l’installation, l’installateur diffuse un bandeau de présentation, comme c’est le cas pour la majorité des distributions, afin de présenter le produit et vanter ses mérites.

OpenSUSE se vante donc d’être la distribution préférée des utilisateurs et administrateurs. C’est possible sauf que je n'ai jamais rencontré de SUSE dans l’industrie, qui lui préfère Red Hat. Et les statistiques d’utilisation tendent à prouver que la distribution préférée de l'utilisateur lambda est… Ubuntu.

Un autre bandeau nous indique que OpenSUSE contient plein d’outils pour gérer et administrer les serveurs, qu’ils soient physiques ou virtuels. Le message est clair : la distribution est plutôt destinées aux techniciens, administrateurs et spécialistes. Un usage normal de bureau, de productivité ou de divertissement n’est probablement pas l’objectif principal.

Ressources au démarrage

 Au démarrage, sans aucune application lancée, notre système occupe un petit 1,4 Go. Il est clair que si vous désirez en plus utiliser quelques applications, 2 Go ne vous suffiront pas. Il faudra compter sur 4 Go de RAM pour être à l'aise. 

Interface et design

Les concepteurs de OpenSUSE ont mis le strict minimum pour l’interface, preuve que la personnalisation n’était pas leur intérêt principal.

Le greffon Gnome Extension (chrome-gnome-shell) n’est pas installé, ce qui rend l’usage du site extensions-gnome.org inutilisable en l’état (sauf à titre consultatif) et OpenSUSE n’est même pas inclus dans le manuel pour une installation manuelle. Votre moteur de recherche préféré restera votre principal atout, mais il ne vous servira à rien. Le paquet chrome-gnome-shell n'existe pas dans le dépôt logiciel et l'installation manuelle depuis des sources échoue lamentable pour une obsure raison d'incompatibilité. À moins d'y passer des heures, autant faire l'impasse sur cette partie.

Autre exemple : si vous trouvez que le fond d’écran n’est pas à votre goût et que vous voulez le changer… il n’y en a pas d’autres. Il faudra donc opter pour une couleur unie ou une image personnelle du dossier Images.

YaST est mis en avant pour la configuration… mais avec le risque que la traduction fasse défaut à beaucoup d’endroits.

Les logiciels

Malgré ses 2,6 Go d’installation, le nombre de logiciels préinstallés n’est pas énorme. L’œil attentif remarquera qu’ils sont justes plus « augmentés ».

Ainsi le Gnome Tweak Tool se trouve dans le panneau de configuration – ce qui est logiquement sa place – alors que dans Ubuntu il faut le chercher manuellement dans les logiciels.

Pour les configurations avancées, il y a YaST qui donne accès à tout un tas de fonctionnalités intéressantes pour les administrateurs. Alors que la philosophie UNIX tend plutôt vers le KISS, YaST offre tout un tas de fonctionnalités d'installation et de configuration. Peut-être même un peu trop, ce qui en fait un outil incontournable mais difficile à décrire et à expliquer. Il aurait peut-être mieux valu un ensemble d'outils clairement défini, ayant chacun un usage bien précis.

Bizarrement, alors que YaST est un outil de configuration… il n’est pas disponible dans le panneau de configuration. Il faut le chercher à la main, comme une évidence.

Si vous désirez installer un nouveau logiciel, vous avez 2 possibilités : soit pas l'installateur de paquet YaST, soit par le Gnome Software qui est installé. Pour installer VLC – au hasard –, il suffit de le rechercher dans Gnome Software ou YaST, mais pas les deux en même temps car le dépôt logiciel est bloqué par le premier qui l'utilise. Un petit message d'avertissement serait pourtant le bienvenu.

Une fois le logiciel trouvé depuis YaST, VLC existe sous forme de paquets à sélectionner… mais le(s)quel(s) choisir ? Alors que Gnome Software propose 1 seul logiciel et sa description en français, YaST se contente d'une multitude de versions ayant chacune un descriptif en anglais et de multiples possibilités qui perdront les novices.

OpenSUSE mettant surtout l'accent sur un usage professionnel, les programmes installés – ou préinstallés – sont orientés administration et configuration : réseau, virtualisation, etc.

Fin de l'histoire

Comme indiqué en introduction, la machine a perdu son LVM au dernier moment, avec toutes les captures d'écran dessus. Hasard, ou résultat logique d'une distribution victime du manque de rigueur de ses développeurs, à chacun de se faire sa propre opinion.

Conclusion

YaST est peut-être un bon logiciel, mais parce qu'il sert à tout et qu'il semble être considéré comme l'atout incontournable de la distribution, il n'a pas bénéficié de l'attention nécessaire pour sa finalisation. À l'image de la distribution, il reste assez brut et aurait nécessité un peu de raffinement.

Cette tendance se poursuit sur les autres outils maisons qui ne sont pas peaufinés et il arrive d'avoir des traductions inexistantes ou approximatives et l'ensemple de la disribution est orientés surtout pour ceux qui veulent des solutions complètes pour administrer des serveurs et des machines virtuelles.

OpenSUSE n'est clairement pas destiné à un utilisateur lambda. Les logiciels disponibles et préinstallés sont plus orientés vers l'administration et la gestion de solutions professionnelles. Il n'est pas possible en revanche de personnaliser l'interface, ce qui rend le produit très ennuyeux. SUSE assure la pérennité et la stabilité du système, mais ne prend aucun risque, comme le fait par exemple Red Hat et sa distribution Fedora qui offre aux utilisateurs des logiciels à la pointe et qui sert à la fois de thermomètre et de vitrine.

Le manque de raffinement et le manque d'implication des développeurs qui ne se contentent que du strict minimum rendent la distribution ennuyeuse à un point tel que j'ai eu du mal à tenir un mois, tellement j'avais l'envie furieuse de passer à autre chose.