J'ai perdu mon amour de jeunesse

Pourquoi j'ai quitté FreeBSD

Quinze ans ! Ma relation a durée quinze ans. C'est long !

J'ai immédiatement été séduit par l'héritage génétique, la performance, la souplesse de FreeBSD. J'étais -- et je suis toujours -- un inconditionnel de ce système d'exploitation. Robuste, efficace, performant, capable de tourner sur des machines peu puissantes ou de s'adapter à peu près à tout.

Mais je me tourne à présent vers Linux, bien malgré moi.

FreeBSD était pourtant bien parti ; il avait tout pour me plaire. Au départ, il me servait pour mon serveur Web. Et j'ai rapidement voulu en faire autre chose. C'est à partir de ce moment-là que les choses sont devenues plus compliquées.

Sur le papier, il pouvait tout faire et bien plus encore. Eh oui, c'était possible… après trois jours de modifications de fichiers de configuration et une compilation réussie -- pour 10 échouées.

Et l'installation d'un logiciel se faisait en croisant les doigts et en allumant un cierge. Pour peu qu'un autre logiciel installe un paquet plus ancien que le courant et ça ne fonctionnait plus.

Alors je devais parcourir les ports avant chaque installation afin de vérifier la présence ou non d'un paquet plus ancien et la compatibilité avec mon système installé.

Il me fallait 10 minutes pour l’installer… et 3 mois pour le configurer.

Et la mise à niveau ! À chaque changement de version, je devais brûler tous mes cierges. Même avec ça, je n'ai jamais réussi à mettre à niveau un seul serveur sans le planter et devoir tout réinstaller. Alors au lieu de mise à niveau, j'optais pour des migrations de serveur complet. C'était plus simple.

Je cherchais sur Internet, sur Youtube. Pour les autres, c'était toujours facile. Quelques lignes de commandes, et hop, l’affaire était dans le sac ! Pour moi, les mêmes commandes n'ont jamais fonctionné jusqu'au bout.

Et une version de bureau… n'en parlons même pas. Chrono en main, avec une version de base, sans aucune modification : 25 secondes pour Linux contre 1 minute 15 pour FreeBSD. Comment c'est possible ?

J'ai testé PC-BSD afin de voir ce qu'il avait dans le ventre. Je l'ai installé par défaut, sans rien farfouiller. Un jour, il a fait une mise à jour système, comme un grand… et n'a plus jamais voulu redémarrer.

Nés à peu près ensemble, FreeBSD et Linux ont grandi côte à côte. L'un a gagné en notoriété, l'autre est resté un obscur système de barbus, performant, mais peu accessible. Parce que FreeBSD s'est orienté d'abord vers les serveurs avant de s'intéresser aux clients, là où Linux s'est orienté plus vers le client, gagnant alors en notoriété et en accédant par ce biais aux serveurs plus facilement. Parce que les gens avaient déjà entendu parler de Linux, ils faisaient plus facilement confiance.

Alors que FreeBSD… Il ne restait qu'un parfait inconnu.

Alors j'ai maintenu mon serveur FreeBSD autant que j'ai pu.

Moi aussi je suis arrivé à Linux par la porte de la machine de bureau. Et les mises à jour sont efficaces. Même si je m'interroge toujours sur le nombre incalculable de langages de programmation différents pour une seule application -- là où FreeBSD est plus cohérent --, Linux gère admirablement bien les dépendances, sans mon intervention. Et je peux en faire ce que je veux, sans prévoir ma réserve de cierges. De toute façon, j'ai épuisé mon budget et mon stock.

Alors je passe à du tout Linux. Bien malgré moi. 4 serveurs, 4 ubuntu server. Car je n'ai pas le temps d'entretenir FreeBSD. Je n'ai pas le temps de passer 3 jours pour configurer le moindre truc. Je veux aussi me concentrer sur d'autres choses et que les trucs de base fonctionnent… rapidement et simplement.

Et mes serveurs de fichiers. J'ai tenté FreeNAS qui me me recommandait 8 Go de RAM -- sur un petit serveur qui n'en a que 2. Alors que OpenMediaVault fonctionne même sur un Raspberry. Y a pas photos !

Oh, je suis bien d'accord. Linux, c'est le bazar. Mais ça fonctionne bien.

Et moi, en utilisateur exigent : je veux juste que ça fonctionne.

Pourtant, FreeBSD reste un excellent produit. Mais selon mon usage et mon mode de vie, il n'est pas adapté. Rupture pour incompatibilité d'humeur.

Il ne me reste que quelques matériels réseaux qui restent sous FreeBSD et qui fonctionnent à merveille. Oui, lorsque les développeurs BSD se donnent le mal de faire des choses simples, ils y arrivent admirablement.